Angles polis
Situé dans le quartier Danton, un secteur de centre-ville bâti au 19-ème siècle qui connaît aujourd’hui de grandes mutations, le projet s’inscrit dans le renouveau de la rue Masséna. Ce quartier, encore récemment considéré comme vétuste, a su garder sa forte identité : majoritairement construit en briques, la singularité de chaque façade s’exprime dans une belle harmonie d’ensemble. Corniches, pilastres et encadrements s’expriment à travers de soigneux appareillages en terre cuite, qui mettent en valeur la grande variété de leurs teintes. Dans ce contexte délicat, la nouvelle construction s’insère avec finesse.
Évoquant une pierre contemporaine, le béton de ciment blanc fait ici écho à la tradition des briques claires et dorées dites « de sable » que l’on fabriquait jadis à partir des argiles crayeuses locales. L’emploi de cette matière noble est un choix très volontaire : Pour appartenir au quartier, le nouveau bâtiment doit contribuer à sa matérialité authentique, où les structures égalent le parement des façades. A ce titre, le béton blanc teinté s’inscrit dans une tradition minérale, et dans un jeu chromatique proche de celui des briques claires.
Suivant la prescription des urbanistes (Panerai & associés, Muoto architectes), la nouvelle séquence architecturale s’organise en ordre « discontinu », une configuration qui donne une très grande importance aux façades latérales puisqu’elles participent de fait pleinement à l’ambiance des rues. Les vues sont démultipliées, des jeux de perméabilités et de profondeurs s’installent entre îlots. Tenues par un alignement manifeste des rez-de-chaussée, les architectures qui les surmontent sont très lisibles, d’autant que l’étroitesse de la rue Masséna force à les appréhender de trois quarts.
Autour d’un thème architectural décliné à la fois sur le socle et l’émergence, le projet interroge les notions de contexte et de juste échelle. L’écriture est sobre : elle s’appuie sur de larges ouvertures, hospitalières et ordonnées. Les angles, creux et polis, soulignés par des corniches filantes, visent l’émotion. Ils guident le regard de façon dynamique. Dans ce dessin qui mêle puissance et délicatesse, les angles creux font entrer le ciel, relient le bâtiment à son environnement.
